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L’ONCLE ISIDORE

ne veux pas que, pour faire des greniers au-dessus de ses écuries, il monte une bâtisse qui m’ôtera du jour et fera de l’ombre dans mon jardin.

— Avez-vous votre acte d’achat, mon oncle, demanda Étienne.

— Certainement. À quoi cela te servira-t-il ?

― Donnez-le moi, je vous prie. Sans être avocat, j’en sais assez pour vous dire quel est votre droit.

Essayer de décrire l’étonnement de l’oncle Isidore, ce serait entreprendre beaucoup ; mais ne voulant pas avouer le secret contentement que lui faisaient éprouver les paroles de son neveu, il reprit tout en lui tendant l’acte :

— C’est une grave question, sais-tu bien, Étienne. Dans les choses qui touchent à la fortune, à la propriété, rien ne doit être apprécié légèrement, et…

Étienne, cependant, avait pris l’acte et le lisait avec attention.

— Vous pouvez être tranquille, mon oncle, dit-il au bout d’un instant ; vous êtes le seul maître du mur qui a été bâti en entier, par votre vendeur, et à une distance même beaucoup plus grande de la cour de Thomas que la loi ne le demande. Il y a plus même. Cet espace laissé entre Thomas et vous devait être employé à faire une ruelle pour le service des jardins. La chose n’a jamais été réalisée, que je sache ; mais il n’en acquiert pas pour cela, le droit de bâtir sur votre mur, s’appropriant une part de terrain qui devait faire un sentier commun à vous, à lui, et aux jardiniers qui vous touchent tous les deux du côté de la basse ville.