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LA PERLE DE CANDELAIR

— Moi qui aurais à l’heure présente si grand besoin d’un bon conseil !

Et de nouveau l’œil de l’oncle Isidore s’attacha, aussi indécis que désespéré, sur le jeune homme.

Mme Daubrée crut avoir trouvé une idée lumineuse pour tirer son frère d’embarras. Rompant en visière avec sa timidité habituelle, elle s’empressa de lui dire :

― Pourquoi n’iriez-vous pas consulter M. Gaillardin ? J’ai entendu dire que c’était le meilleur avocat de tout Candelair.

— Pour qu’il s’entende avec Thomas, n’est-ce pas ? s’écria le méfiant vieillard en jetant à sa sœur un regard courroucé, ce qui la rendit tout à coup muette.

Étienne comprit qu’il était temps d’intervenir. Il prit une chaise, s’assit en face de M. Letourneur, de l’autre côté de la table, et lui dit d’une voix calme et ferme que le vieillard ne lui connaissait pas.

— Ne vous emportez pas, mon oncle ; ma mère a cru bien faire. Dites— moi ce dont il s’agit.

— Quand je pense qu’il n’a pas voulu être avocat ! reprit l’oncle Isidore, qui subissait malgré lui l’ascendant de son neveu.

— Ne récriminons pas, mon oncle. Dites-moi plutôt ce qui vous met si fort en colère ?

— C’est ce gueux de Thomas, soupira le vieillard.

— Mais encore à quel propos ?

— Sous prétexte que son auberge prend de l’extension, il veut faire bâtir une écurie en se servant du mur qui sépare sa cour de mon jardin. Qu’est-ce que cela me fait à moi qu’il vienne chez lui plus de rouliers qu’il n’en peut loger ? Je ne veux pas de son voisinage de bêtes ; je