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LA PERLE DE CANDELAIR

Il n’aime pas les chiens : il trouve que ça salit les maisons.

— Des idées, quoi ! reprit brusquement la marchande. Que ça salisse ou non, ce n’est pas là une affaire, puisque ce chien fait plaisir au jeune homme. Si j’avais été à la place de la grand’mère, moi, il aurait bien fallu que l’oncle Isidore en passât par là ou par la porte.

Un gros éclat de rire fut le corollaire de cette profession de foi.

— Ah ! pardienne, avec toi, madame J’ordonne, on sait bien que le plus court est d’obéir tout de suite.

Eh bien ! après ? reprit la matrone d’un son de voix qui ne manquait pas d’une certaine philosophie ; pourquoi faire qu’on se martyriserait à plaisir. La vie de ce monde n’est déjà pas si longue pour qu’on la passe en se rechignant les uns aux autres. Laisse donc, mon homme, M. Letourneur, vois-tu, ça m’a l’air d’un tatillon, et la grand’mère d’une menette qui mange la messe tous les matins.

— Pour peu qu’elle jeûne le soir pour faire pénitence, dis donc, la mère, répondit le portefaix entre deux éclats de rire, à l’heure de sa mort elle sera assez légère pour aller en paradis sans faire d’étapes.

— C’est de bien bonnes gens, dit Mariette de sa voix douce, laquelle ne manquait pas d’autorité sur les auteurs de ses jours. Chacun dans ce monde a sa manie : la leur, c’est la propreté ; on mettrait son bonnet droit en se mirant dans les parquets ou dans les portes des armoires de chez eux.

— Oh ! tu sais bien, répondit la mère, la fille tient à cette maison-là presque autant qu’au Pitiou.