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L’ONCLE ISIDORE

Après pas mal de détours, Étienne, toujours suivant son chien, arriva près du marché. Il s’arrêta devant une maison de mince apparence. C’était là que logeait Mariette avec son père et sa mère.

Il faisait chaud ; les fenêtres étaient ouvertes. Le portefaix, pas plus que la marchande de fruits, n’avaient la prétention de parler bas. Aussi ne fut-il pas difficile à Étienne d’entendre ce qui se disait chez la jeune fille.

La porte de la rue d’ailleurs était entr’ouverte, comme si on attendait encore quelqu’un. Lou-Pitiou entra bravement, absolument comme chez lui, et donna deux ou trois coups de voix pour signaler son arrivée.

— Tiens, fillette, voilà ton pensionnaire, dit la grosse voix du portefaix ; pousse la porte ; la compagnie est au complet.

— Bonsoir le chien, dit la voix franche et forte de la mère. Voilà ta part : mange.

Un bruit de vaisselle frôlant le carreau vint jusqu’à l’oreille d’Étienne, qui s’était mis dans l’ombre et écoutait tout ému.

— Pecaïré, dit Mariette, tu as encore faim ? Attends, je vais te redonner de la soupe.

— Dis donc, la fillette, reprit le portefaix, c’est tout de même drôle qu’un homme riche comme M. Letourneur n’ait pas le courage de souffrir le chien de M. Étienne. Car enfin ce garçon-là, c’est quasiment son fils. Quand il partira pour le royaume des taupes, il faudra bien qu’il lui laisse tout son avoir, puisqu’il n’a pas, sous la calotte du ciel, un autre héritier.

— C’est son goût, à l’oncle Isidore, répondit Mariette.