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L’ONCLE ISIDORE

Mais il arrive un moment où la jouissance acquiert une telle intensité que les forces humaines, même spirituelles, n’y peuvent plus suffire.

Etienne fut bientôt obligé de rouvrir les yeux pour chasser la vision.

Lou-Pitiou le considérait d’un regard calme et rêveur à la fois.

Étienne attira le chien vers lui, l’embrassa sur les yeux, sur la tête, avec une ardeur passionnée qui ravit la pauvre bête.

Les manifestations du bonheur rentrent parfois dans les conditions absolues de notre existence. Étienne embrassait Lou-Pitiou, parce que les caresses et les baisers s’étaient amoncelés sur son cœur et menaçaient de l’étouffer.

L’âme, cette chose immatérielle, a de matériels besoins, et il faut que le corps lui vienne en aide pour leur donner satisfaction.

Quand les derniers rayons du soleil furent éteints, Étienne redescendit lentement ; il lui semblait être enveloppé d’une atmosphère tout autre que celle des jours précédents. Il marchait comme au milieu d’une fête mystérieuse, environné d’un parfum subtil, qui n’était perceptible que pour lui seul.

Sa main droite penchait nonchalamment le long de son corps, et Lou-Pitiou, tout en le suivant pas à pas, levait de temps à autre son museau humide et frais, la caressait d’un coup de langue rose, puis aspirait l’air avec une satisfaction marquée, comme un gourmet qui déguste une chose succulente. Il se remettait ensuite à marcher avec recueillement pour relever, l’instant d’a-