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LA PERLE DE CANDELAIR

à la manière dont le vieillard lui dit : « À demain donc ! » il comprit que son secret lui appartenait encore tout entier.

— À demain, répondit-il en prenant la main que lui tendait le parent de Mme Malsauge, et en saluant Mme Hélène, qui lui rendit son salut avec un de ces gracieux mouvements de tête qui disent clairement à ceux auxquels une femme les adresse : « J’aurai plaisir à vous revoir. »

Pendant que Mme Malsauge et M. de Ferrettes regagnaient Candelair, Étienne fit quelques pas en sens inverse, pour laisser croire qu’il retournait vers le haut de la montagne. Mais à peine se fut-il assuré qu’il était bien seul, qu’il revint en toute hâte à la place où tout à l’heure il avait vu la jeune femme.

Lou-Pitiou, qui ne comprenait pas grand’chose à ces évolutions sans suite, n’en marchait pas moins dans les pas d’Étienne avec cette admirable confiance de ceux qui ont la foi.

Le jeune homme s’assit sur la pierre, à côté de la place occupée par Mme Malsauge. Il ferma les yeux pour laisser à son esprit sa vie tout entière, sans l’entraver, dans son vol, par la réalité, qui ne se prête jamais que malgré elle, et dans une mesure restreinte, aux exigences du rêve.

Il l’avait vue ! Il l’avait entendue parler ! Il avait respiré ce parfum suave et pénétrant de la femme du monde, belle et jeune ; il s’en était enivré !

Il s’abandonnait complaisamment à ce souvenir, qui lui semblait, au milieu de ses rêves splendides, le plus splendide de tous les rêves.