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L’ONCLE ISIDORE

— Je me hasarde, dit-il avec un geste charmant comme en trouvent les vieillards dont l’humeur sait être jeune à propos. Je serai de la partie que vous projetez, Hélène. Seulement, continua-t-il en s’adressant à Étienne, il faut se hâter de profiter de mes dispositions valeureuses. Si vous me laissez trop de temps pour réfléchir, je suis capable de ne plus oser seulement regarder la montagne, en face, d’ici à quelques jours.

— Nous n’attendrons pas quelques jours, si madame le veut bien, répliqua Étienne vivement en regardant la jeune femme, pour obtenir son assentiment.

— Mais si demain le temps est comme aujourd’hui, je suis d’avis qu’il ne faudra pas remettre à plus loin. La réflexion n’aurait qu’à venir souffler sur mes projets, en même temps que sur votre valeur, mon ami, répondit Mme Malsauge en se retournant vers M. de Ferrettes. — Cela ne vous dérange-t-il pas que ce soit pour demain ? demanda-t-elle à Étienne.

— À demain donc, dit M. de Ferrettes sans laisser au jeune homme le temps de répondre.

— Voulez-vous que nous nous retrouvions ici ?

— Je suis à vos ordres, madame.

— Vous ne direz pas, j’espère, qu’on ne fait pas toutes les concessions à votre amour de la solitude, ajouta le vieillard. Nous viendrons seuls jusqu’ici ; vous oublieriez peut-être de venir nous prendre chez madame, si nous convenions de cela aujourd’hui.

M. de Ferrettes attacha sur le jeune homme un regard d’une indulgente finesse, pendant que son sourire adoucissait l’expression maligne de sa physionomie.

Étienne eut peur un moment d’avoir été deviné : mais