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LA PERLE DE CANDELAIR

fonctionnaires et les militaires que le gouvernement y envoie en résidence, la flétrissent brutalement, à première vue, de cette épithète aussi expressive que mal sonnante : « Un trou. »

Peut-être n’ont-ils pas tout à fait tort, mais cela tient à la topographie du pays ainsi qu’à des circonstances de lieux et de climat qui demandent quelques explications.

Cachée dans un pli de terrain, étouffée au milieu de trois hautes montagnes qui semblent vouloir en dérober la vue au reste de la terre, Candelair est une ville du Midi dans toute l’acception du mot, c’est-à-dire assez généralement mal bâtie, très-régulièrement sale et ne lavant ses ruisseaux et ses rues que lorsque la pluie du ciel veut bien faire les frais de cet excès de nettoyage.

Aux jours de grandes fêtes, aux jours de processions, par exemple, Candelair dissimule les laides murailles de ses maisons irrégulières sous des draps de toile blancs comme de la neige.

On attache aux draps, par des épingles, des bouquets aux couleurs vives et fraîches, et cela fait une étrange mais brillante tenture.

Candelair fait en même temps disparaître sa boue ou ses amas de poussière sous une épaisse jonchée de fleurs ; plus c’est sale plus on met de fleurs, voilà tout.

La campagne au milieu de laquelle Candelair est perdue est d’une richesse et d’une splendeur magiques.

Sur les montagnes qui l’enceignent, ainsi que dans les étroits et plantureux défilés qui entourent la rivière et les nombreux ruisseaux qui l’arrosent, les tons les plus ardents de la nature se heurtent brusquement ou se détachent en gammes éclatantes.