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L’ONCLE ISIDORE

— Ce ne serait pas sans danger, Hélène ; n’y allons pas, s’écria M. de Ferrettes, en vieux parent fort peu rassuré sur la prudence de la jeune femme.

— Pas aujourd’hui, il est trop tard ; mais je ne m’engage pas pour l’avenir. En attendant l’heure de cette ascension, qui paraît une chose grave à M. de Ferrettes, reprit Mme Hélène en s’adressant à Étienne, j’espère que monsieur Jussieux voudra bien se départir en notre faveur d’un peu de son orgueilleuse sauvagerie ?

Le jeune homme, fort embarrassé, ne répondait pas. Mme Malsauge reprit :

— Nous faisons de la musique presque tous les soirs, monsieur Étienne ; nous causons autant que possible de Paris, que l’on regrette toujours beaucoup quelque peu qu’on l’ait habité ; venez causer et faire de la musique avec nous ; cela nous fera plaisir. J’espère, dit-elle encore, que mon invitation, quoique moins dans les règles que celle de M. Malsauge, aura plus de poids auprès de vous.

Étienne arrêta sur Mme Hélène son beau regard noyé, qui prêtait à sa physionomie un charme extrême, et lui dit doucement, d’une voix que l’émotion rendait tremblante et basse :

— Je vous remercie mille fois, et de tout cœur, madame, non-seulement de ce que vous voulez bien m’autoriser à aller prendre ma part d’un vrai plaisir, ce qui serait une bonne fortune pour moi, mais surtout de la grâce que vous savez mettre à m’adresser vous-même une invitation à laquelle je vais si mal répondre.

— Comment ! comment ! exclama le vieillard ; est-ce qu’on peut refuser quelque chose à Mme Hélène ?