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LA PERLE DE CANDELAIR

mais pour vous faire les honneurs de cette promenade, il faudrait que vous y puissiez venir, et je crains bien…

— La chose est impossible, n’est-ce pas, s’écria M. de Ferrettes qui n’avait pas l’air enthousiasmé de l’idée de Mme Hélène, impossible, tout à fait impossible !

— Impossible ! Non, monsieur, répondit Étienne en souriant de l’ardeur que mettait le marquis à assurer ses promenades futures contre les menaces d’une pareille entreprise, non pas impossible puisque j’y vais tous les jours, mais au moins difficile surtout pour madame qui n’est sans doute pas habituée comme moi à suivre des sentiers, bons tout au plus pour des chèvres.

— J’en avais pourtant bien envie, dit Mme Hélène de ce ton demi chagrin, demi résigné, dont les femmes parlent d’un caprice qui n’a pas été satisfait.

Étienne sourit d’admiration. Pour lui, pauvre enfant dont l’esprit seul avait vécu, c’était une joie des yeux immenses que cette femme gracieuse et attrayante qui déployait pour lui seul toutes les adorables coquetteries du regard, de la voix et du geste.

Ah ! c’était avec raison qu’elle était appelée « l’irrésistible, » la belle Mme Malsauge ! Car Étienne était bien réellement devant elle sans autre volonté que celle qu’elle pouvait avoir.

— Oui, j’en avais bien envie, dit-elle encore en jetant ་ vers le côté de la montagne qui élevait ses flancs abrupts vers le ciel, un regard tout attristé.

— Sans aller tout à fait jusqu’au dessus des bois, vous pouvez monter encore, madame, dit Étienne, dont le cœur battait à l’idée de voir passer cette femme par les sentiers où son esprit avait si souvent évoqué son image.