Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
L’ONCLE ISIDORE

jeune femme le rassura ; son nom qui avait été prononcé, ne le laissait plus un étranger pour les deux promeneurs ; tout, jusqu’à la nouvelle allure qu’avait prise M. de Ferrettes quand il sut à n’en pouvoir douter qu’il avait en face de lui ce qu’on appelle « un fils de bonne maison, » contribua à lui rendre son calme habituel et sa grâce native.

― Des fleurs ! madame, dit-il ; vous avez fait à peu près le tiers du chemin qu’il faut entreprendre pour arriver à leur logis.

― Je doute fort que nous fassions jamais le reste, soupira M. de Ferrettes en jetant un regard vers le haut de la montagne.

— Mon Dieu ! êtes-vous prudent, dit. Mme Malsauge entre deux jolis sourires.

— C’est une des vertus de mon âge, répliqua le vieillard, et je la mets très-fort en pratique.

— Il vous faudra pourtant y renoncer quelque peu pour moi, dit la jeune femme, car j’ai formé le téméraire projet de visiter la montagne, de pénétrer tous ses secrets, d’aller jusque dans ses cachettes aériennes, me cueillir moi-même un bouquet.

— Oh ! oh ! oh ! projet bien téméraire, en effet, murmura M. de Ferrettes en mesurant de nouveau d’un coup d’œil la hauteur et les difficultés de l’ascension.

— Monsieur Jussieux voudra bien, je l’espère, me faire les honneurs de ses jardins, dit Mme Malsauge en arrêtant sur le jeune homme un de ses plus charmants, un de ses plus irrésistibles regards.

— Je ne demanderais pas mieux, madame, répondit Étienne fort ému de la demande de la jeune femme,