Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LA PERLE DE CANDELAIR

qui tombait des nues, en l’appelant par son nom ; mais comme depuis les quelques jours qu’il était à Candelair il avait à plusieurs reprises entendu prononcer le nom du sauvage — le préfet même ayant parlé des fleurs splendides qui avaient occupé, pendant toute une semaine, les jardinières à la place de ses roses, il fut de suite au courant et aida, de toute la familiarité permise aux vieillards, sa jeune parente dans son entreprise, dont il devina facilement quelque chose.

— Ah ! jeune homme, reprit-il en souriant, que ne disiez-vous tout de suite que vous étiez dans vos jardins de Sémiramis quand vous avez fait irruption dans le pacifique sentier où nous nous promenions sans défiance ! Nous vous aurions demandé pardon d’entrer ainsi sur la lisière de vos domaines ; car vous êtes ici chez vous. Nous savons cela ; nous savons aussi que vous y avez des merveilles…

— Difficiles à atteindre, interrompit Mme Malsauge ; car voilà au moins une grande semaine que, chaque jour, le marquis et moi nous poussons nos excursions de plus en plus loin, dans l’espoir de prendre sur le fait quelques fleurs comme celles que vous m’aviez envoyées, sans avoir été heureux une seule fois dans nos recherches.

Elles se cachent de nous peut-être, ajouta-t-elle en regardant le jeune homme de cet œil doux et caressant qu’elle faisait, il faut lui rendre cette justice, aussi charmant que possible.

Ce qui eût dû pousser le malaise et la gêne d’Étienne à ses dernières limites, lui produisit l’effet tout contraire.

Le regard sympathique, presque affectueux de la