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L’ONCLE ISIDORE

quitté il n’y avait qu’un instant d’une façon si prompte. Elle s’était emparée du bout de l’oreille du chien dont elle roulait les poils rudes et frisés entre ses doigts mignons, tout en lui faisant manger sa collation.

Lou-Pitiou s’acquittait de son nouvel emploi en véritable chien savant jamais carlin de marquise n’avait avalé de gimblettes avec plus de dextérité ni de grâce.

Lou-Pitiou regardait la jeune femme de son grand œil noir, intelligent et clair ; comme chez toutes les bêtes douées d’une rare finesse, cet œil avait parfois des éclairs magnétiques qui finirent par gagner, à la vilaine bête, la sympathie de Mme Hélène.

M. Jussieux, dit-elle en arrachant ainsi le jeune homme à l’interminable causerie de son parent, je retire pour la part mentale que j’y avais prise, la réputation de laideur que M. de Ferrettes faisait à votre chien. Depuis un moment que nous sommes là, tous les deux, il m’a fait changer d’opinion ; si cela dure, je crois que je vais le trouver tout à fait joli.

Le vieux monsieur ennuyait très-fort Étienne, mais Mme Malsauge le troublait tellement, que je ne sais pas s’il n’eût point préféré être tout seul avec le vieillard.

— C’est bien la meilleure comme la plus intelligente de toutes les créatures, dit-il enfin en se rapprochant de Mme Hélène. Mon affection pour lui m’aveugle sans doute ; mais quoique je me sois entendu dire, je ne sais combien de fois, qu’il était affreux, je n’ai jamais pu en convenir même vis-à-vis de moi.

Le vieux monsieur que Mme Malsauge venait d’appeler : le marquis de Ferrettes, avait été d’abord fort surpris d’entendre la jeune femme parler à ce monsieur,