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LA PERLE DE CANDELAIR

jeune homme et le chien venaient de parcourir. Je ne comprends pas qu’on aille se promener là-haut.

— Ah ! mon ami, dit enfin la jeune femme en s’adressant à son parent, quoiqu’elle regardât Étienne, si vous saviez les belles fleurs qui poussent là-haut, vous comprendriez la chose assurément, quelque téméraire qu’elle vous paraisse.

Étienne, qui s’était un peu remis, se reprit à rougir de nouveau, à ces mots de Mme Hélène, dits évidemment pour lui prouver qu’on l’avait reconnu.

Reconnaître quelqu’un sans lui avoir jamais parlé est, de la part d’une femme, une marque de bienveillance si prononcée, que le jeune homme en fut tout ému, si ému, qu’il ne trouva rien à répondre.

Mais, avec le vieux monsieur, la parole ne restait pas longtemps sur le tapis, et ce fut de ce ton particulier aux vieillards de l’aristocratie qu’il s’écria :

— Je ne crois pas qu’il soit au monde de fleurs capables de me faire grimper dans cette patrie des aigles ; le plus sage serait que tout le monde fît et pensât comme moi.

— Avez-vous toujours été aussi prudent ? demanda Mme Malsauge.

— Je pense que oui, à peu de chose près. Mais, au reste, le « toujours » dont vous me parlez date de si loin que je ne m’en souviens guère ; je serais même presque en droit de vous dire que je ne m’en souviens pas du tout.

Pendant que la causerie allait ainsi, Mme Malsauge qui emportait toujours quelques gâteaux dans sa promenade, s’était assise tranquillement sur le banc qu’elle avait