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LA PERLE DE CANDELAIR

Mme Malsauge avait choisi pour se reposer un de ces coins charmants par leur étrangeté qui les fait ressembler à des grottes. Elle regardait le ciel en face d’elle, la montagne de l’autre côté du sentier se dérobait brusquement.

Mme Hélène s’appuyait comme à un gigantesque fauteuil au rocher moussu qui, arrivé à une hauteur énorme, s’avançait au-dessus de sa tête en dais frangé de folles vignes, de lianes et de lierres.

Il faut rendre cette justice à la jeune femme qu’elle admirait très sincèrement la nature dans ses manifestations splendides.

Dire de quoi les deux promeneurs causaient ne serait pas difficile. De quoi pouvait parler en effet Mme Malsauge avec son vieux parent, si ce n’est fortune, relations, positions, alliances.

— On aurait pu choisir plus mal notre lieu d’exil, dit la jeune femme tout en continuant à examiner le pays superbe qu’elle avait devant les yeux ; le ministre a été, comme toujours, un homme charmant de nous envoyer ici, puisqu’il était dit que nous irions en province pour quelques mois.

Le vieux monsieur n’eut pas le temps de parfaire une réponse qui, très certainement, n’eût fait que corroborer le dire de Mme Hélène. La jeune femme venait de jeter un grand cri, de se lever brusquement, sortant de sa retraite mystérieuse en toute hâte et fort épouvantée.

Quelque chose de noir qu’elle avait vu tomber devant elle à l’autre extrémité du sentier, lui avait inspiré une terreur folle. N’avait-elle pas cru voir rouler une partie du rocher à l’ombre duquel elle était assise, et ne pen-