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LA PERLE DE CANDELAIR

après une journée de promenade et de folles courses à travers champs. En se réveillant, le lendemain, tout à fait remise de la fatigue de la veille, elle s’avoua que la montagne avait du bon.

Cette rêverie ne lui fit pas perdre de vue son premier désir, son but. Elle voulait rencontrer Étienne, lui parler, le charmer.

On lui avait si souvent dit qu’elle était irrésistible, qu’elle était bien excusable d’avoir fini par se rendre à l’opinion de la majorité. Il s’agissait de trouver le sauvage : l’apprivoiser serait la moindre des choses.

Mais Étienne n’était point facile à rencontrer pour une foule de raisons, dont la première serait suffisante. Mme Hélène suivait les sentiers, tandis que le jeune homme s’en était fait d’assez périlleux pour être sûr de n’y rencontrer jamais personne.

D’un autre côté, Mme Malsauge, quoiqu’elle poussât chaque jour sa promenade plus avant, ne se serait très-certainement jamais hasardée jusqu’aux cimes hantées par le jeune homme ; puis enfin, Étienne partant de grand matin, avait depuis longtemps gagné sa retraite aérienne, lorsque Mme Hélène n’en était encore qu’à sa toilette de touriste. Et le soir, la jeune femme était déjà en toilette de soirée ou de gala, les pieds sur ses tapis, qu’Étienne songeait à peine à redescendre.

Les choses auraient pu durer longtemps ainsi, si les femmes volontaires et capricieuses, n’avaient pas à leur service, je ne sais quelle puissance immatérielle qui leur porte secours quand tout semble les abandonner, et fait tourner leurs entreprises à leur plus grande satisfaction.

Un matin donc — car pour Mme Hélène, qui se levait