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L’ONCLE ISIDORE

vait amener dans son cercle, ni par une invitation, ni par des connaissances communes.

Elle se promit d’être, s’il le fallait, plus romanesque que le héros lui-même ; mais de le conduire dompté, jusqu’à ses pieds, sur le tapis de son salon, où elle le trouvait fort à dire, par le seul fait de l’obstination qu’il mettait à n’y point venir.

— Faisons comme Mahomet, dit un jour la jeune femme à un de ses vieux parents venu, quoiqu’elle fût à Candelair, pour passer quelques jours auprès d’elle. Puisque la montagne ne veut pas venir à nous, allons à la montagne.

Ayant fait une toilette de circonstance, elle entreprit, en vraie parisienne qui ne doute de rien, l’ascension du domaine d’Étienne par des chemins ardus et pierreux qui, dès les premiers pas, lui firent jeter de grands cris sur le pittoresque, l’étonnant, l’imprévu.

Des difficultés, elle se garda bien de dire un mot ; elle n’eut pas même l’air de les apercevoir : tout chemin lui semblait bon pour aller à Rome.

Prétendre que, dès la première promenade, Mme Malsauge rencontra M. Jussieux, par un de ces hasards bienveillants qui ne sont pas aussi rares dans la vie réelle qu’on se plaît à le dire, ce serait offenser la vérité. Aussi raconterons-nous simplement les faits tels qu’ils se sont passés.

Mme Malsauge fit une course longue et fatigante au milieu des plus affreux sentiers qui se puissent rencontrer pour un pied citadin.

Mais cela la mit en bel appétit, à son grand étonnement ; elle dormit de ce sommeil parfait des enfants,