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L’ONCLE ISIDORE

les mains devant lui, je vous demande bien pardon !

— Pardon ! et de quoi ? reprit le jeune homme sans se départir de son allure pleine de froideur et de fierté. Vous ne m’avez point offensé, ma chère, continua-t-il, en se mettant en devoir de gagner la porte.

— Monsieur Étienne ! reprit-elle d’une voix suppliante.

Le jeune homme leva légèrement les épaules et fit quelques pas encore.

— Étienne ! s’écria Mariette quand elle le vit prêt à franchir la porte, Étienne ! Ah ! si vous saviez ce que je souffre, vous ne me quitteriez pas ainsi !

— Vous savez que je ne vous demande pas le secret, lui jeta-t-il en guise d’adieu, en se retournant et en laissant voir à la jeune fille ses yeux plus irrités que jamais.

Mariette, qui s’était levée à demi, retomba sur sa chaise, anéantie, sans force : la froideur et le mépris dont l’accablait le jeune homme ne l’en détachaient pas.

Étienne appela Lou-Pitiou et s’en fut sur la montagne se distendre les nerfs au grand air, prendre un bain de calme et de silence dont il avait grand besoin.

Quand il fut seul depuis quelque temps, il réfléchit, et ne se trouva pas tout à fait exempt de tort envers cette pauvre Mariette, qu’il avait si maltraitée.

Habitué à fouiller ses sentiments, à ne guère épargner davantage ceux des autres, il comprit bien qu’elle l’aimait. Quelque détaché que l’on puisse être des choses de ce monde, on ne reste jamais tout à fait indifférent à l’amour que nous porte une jolie fille.

Il ne puisa pourtant que de l’indulgence dans cette