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LA PERLE DE CANDELAIR

présent tout lieu de suspecter la délicatesse d’âme ; mais c’était encore une horrible profanation des jouissances de son esprit.

Aussi, pour éloigner tout contact sacrilége, il était capable de tout souffrir, dût son sacrifice aller jusqu’à sa propre immolation.

Puis il ne pouvait, quoi qu’il fît, entièrement effacer de son esprit, la foi qu’il avait en la jeunesse, surtout en la jeunesse du peuple. Il pensait qu’il y a toujours un coin par lequel on peut saisir le plus mauvais, un sentier par où on peut le conduire au bien.

Au ton méprisant et amer dont le jeune homme avait prononcé ses dernières paroles, Mariette avait de nouveau relevé la tête. Elle le considérait d’un regard superbe, mais de cette superbe qui, chez le peuple, frise presque toujours l’insolence, croyant toucher par là à la dignité.

— J’ai reçu l’autre jour, reprit Étienne, une invitation pour la dernière réunion de Mme Malsauge. La voilà, dit-il, en la sortant de la poche de son vêtement pour en donner lecture à Mariette.

Cette invitation était au reste comme toutes celles de ce genre ; et l’ouvrière qui en avait vu maintes et maintes fois chez Mme Malsauge ne lui trouva rien de particulier.

— Ah ! je savais bien, moi, qu’elle s’occupait de vous, murmura la jeune fille.

Étienne poursuivit comme s’il n’avait rien entendu.

— Je serais certainement allé chez Mme Malsauge, j’avais même grande envie de me rendre à cette soirée qui aurait été pour moi une véritable fête ; mais comme je