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L’ONCLE ISIDORE

en relevant la tête. Il n’est pas juste que vous ayez pris tant de mal et que vous ayez mis votre esprit à la torture pour ne rien savoir de la vérité, au sujet des rapports que je puis avoir avec Mme Malsauge, ni de la raison qui m’a fait envoyer un bouquet chez elle.

— Qui vous demande vos confidences, répondit brusquement Mariette, qui avait repris son ouvrage aussitôt qu’elle avait vu le jeune homme relever la tête.

— Ces choses-là ne se demandent jamais, mais on est toujours bien aise de les savoir, continua Étienne d’une voix dure, en arrêtant sur la jeune fille un regard railleur, méprisant et courroucé tout à la fois.

Mariette, ne voulant pas être en reste, leva les épaules à plusieurs reprises ; mais Étienne continua :

— Puis il faut bien que vous sachiez l’histoire au complet pour en amuser votre clientèle.

Un amer sourire plissa les lèvres du jeune homme, dont le visage pâle et crispé, par une contraction nerveuse, semblait mille fois plus terrible à Mariette, même avec son sourire, qu’il ne le lui avait paru tout à l’heure, alors qu’il ne respirait qu’une terrible, mais franche colère.

— Écoutez donc, ma fille, dit Étienne, et retenez bien les choses, afin de pouvoir les raconter telles qu’elles sont.

Étienne, absorbé tout à l’heure dans son émotion douloureuse, s’était dit qu’il fallait à tout prix arracher son rêve des mains de Mariette. Non-seulement c’était une douleur pour lui de voir cette jeune femme fine, aristocratique, élégante, et mièvre, ainsi qu’elle le disait elle-même, à la merci de cette fille dont il avait jusqu’à