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L’ONCLE ISIDORE

Mme Malsauge, si elle apprenait que son ouvrière se laisse ainsi embrasser par son amant ?

Ceci avait été dit méchamment et lancé de cette voix stridente, quoique basse, que seules la colère et la douleur réunies savent trouver.

— Mariette ! s’écria le jeune homme subitement métamorphosé, les yeux brillants de colère, la bouche serrée, pendant qu’il avait brusquement arrêté la main de la jeune fille et la forçait ainsi à le regarder en face, Mariette, reprit-il, vous êtes une méchante fille qui ne méritez pas l’amitié d’un brave garçon. Vous êtes une vipère et vous mordez pour le plaisir de mordre. Vous ne blessez pas pour vous défendre, mais pour la seule satisfaction de mal faire.

— Comme vous l’aimez, répétait à demi-voix Mariette, sans même essayer de retirer sa main que le jeune homme serrait outre mesure, oubliant qu’il tenait dans les siennes la main d’un enfant, — comme vous l’aimez !

— Mais, malheureuse fille, je ne la connais seulement pas, cette femme dont vous me faites l’amant.

— Alors, pourquoi vous emporter ainsi ? reprit Mariette.

— Mais d’indignation contre vous, qui êtes jeune, qui me paraissiez être bonne, que j’aimais déjà et que je vois haineuse, envieuse. C’est contre votre esprit vicieux, c’est contre votre âme si facilement ouverte aux mauvaises pensées, contre votre bouche si prompte aux méchantes paroles, aux accusations hideuses, que je m’emporte, que je m’emporterai toujours, je crois.

Il y a si longtemps que je me heurte à toutes les vilaines choses, à toutes les méchantes gens de ce monde,