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LA PERLE DE CANDELAIR

Mariette, tout à l’heure si emportée, si superbe, était tout à coup devenue d’une humilité pleine de charme. Elle levait à la dérobée et presque timidement ses yeux vers le jeune homme, dont le sourire affectueux ne disait pas grande colère.

— Je ne vous en veux certes pas, Mariette, reprit Étienne.

— Voulez-vous m’embrasser pour faire la paix, continua-t-elle, de sa voix timide, presque suppliante, en penchant vers le jeune homme son joli visage tout empourpré et en lui présentant ses yeux, à demi-clos, sous ses paupières roses.

— Vous embrasser !… de tout cœur, Mariette, répondit Étienne en joignant l’action à la parole ; mais faire la paix, ce serait difficile : nous n’avons, je pense, jamais été brouillés.

— C’est pourtant vrai, dit Mariette, qu’on est en colère et qu’on n’est pas brouillé pour cela. Elle se mit à sourire, en montrant toutes ses belles dents.

La pauvre fille s’était offerte de si bonne grâce au baiser de réconciliation qu’Étienne ne pouvait faire moins que de recommencer ; c’est ce qu’il fit aussitôt, pour lui prouver qu’il ne lui en voulait pas du tout, et pour démontrer qu’une double signature n’est jamais de trop au bas d’un traité de bonne alliance.

— C’est donc vous qui avez envoyé le bouquet à Mme Malsauge ? demanda timidement Mariette, pensant qu’une fois la paix faite, il lui était permis d’éclairer cette épineuse question.

— Oui, Mariette, si vous me l’aviez ainsi demandé