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LA PERLE DE CANDELAIR

La jeune fille souleva d’un mouvement dédaigneux ses belles épaules, sous son éclatant mouchoir de cou.

— Non, Mariette, mais parce que vous étiez bonne et que j’étais heureux.

— Ta ! ta ! ta ! faites des bouquets pour Mme Malsauge et laissez-moi la paix. Je ne suis pas une demoiselle, moi, pour qu’un monsieur comme vous me parle de bonne amitié. Il y a toujours un peu de moquerie au fond de tout ce que vous me dites. Et je suis sûre que vous vous êtes bien amusé de moi l’autre jour, aussitôt que j’ai eu le dos tourné.

— Mon Dieu, ma pauvre enfant, que vous devez souffrir pour être aussi méchante et déchirer à belles dents tout mon joli bonheur de l’autre matin !

Étienne avait dit cela doucement, de cette voix charmante, irrésistible, qui avait comme son regard un attrait tout particulier. Quoi qu’elle fît, Mariette se sentait gagner à ces paroles affectueuses.

Elle ne répondit pas cependant, dans la crainte que sa voix ne vînt à trahir son émotion. Le jeune homme continua :

— Il me semble que lorsqu’on a de l’amitié pour quelqu’un, — vous m’avez laissé croire que vous en aviez un peu pour moi, — on ne va pas au-devant de toutes les occasions qui se présentent de lui faire de la peine, on ne l’incrimine pas pour le simple plaisir de lui dire des choses désagréables, on ne cherche pas à le blesser en interprétant à faux ses actions et ses pensées.

La jeune fille était fort émue et le dissimulait fort mal, quelque soin pourtant qu’elle y apportât.