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L’ONCLE ISIDORE

— Ah ! ça, Mariette, demanda Étienne, sur quelle herbe avez-vous marché ce matin ?

— Peut-être sur celle que vous rapportez de la montagne… riposta vivement l’ouvrière.

— Du diable si je comprends un mot à tout ce que vous dites, répondit Étienne.

— Demandez à Mme Malsauge de vous aider un peu, vous y serez tout de suite, continua Mariette du même ton sec.

À ce dernier mot, le jeune homme n’eut pas de peine à deviner de quoi lui parlait la jeune fille. Mais blessé de nouveau dans ce que son adoration pour Mme Hélène avait et voulait conserver de mystérieux, il fut quelque temps sans répondre ; puis il demanda doucement, même un peu tristement :

— Qui donc vous a parlé de cela ?

— Croyez-vous qu’il soit besoin que l’on m’épelle les mots pour que je les puisse lire ? dit-elle vivement. Point, croyez-moi, je ne suis pas encore aussi niaise que vous me faites l’honneur de le croire. Au reste vous êtes bien libre d’envoyer des bouquets ; Mme Hélène n’est point empêchée de les recevoir ; cela ne me regarde en rien.

Je travaille là-bas comme ici, ici comme ailleurs, et ma journée finie tout est dit.

Seulement, si l’on se moque de moi, je ne veux pas laisser croire que je n’en vois rien. Je suis bien aise, au contraire, de montrer que j’ai de bons yeux tout aussi bien que de fines oreilles.

— Là ! Mariette, que je vous aimais mieux l’autre matin dit encore Étienne en soupirant.

— Parce que j’étais bête, n’est-ce pas ?