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LA PERLE DE CANDELAIR

regarder Étienne dont le doux et franc regard eût désarmé toute autre chose qu’une vanité blessée.

— Aussi nous allons joliment causer toute la journée.

— Vous avez bien trop affaire sur la montagne, monsieur, reprit la jeune fille d’une voix émue, pendant que ses yeux lançaient des éclairs, pour que je vous retienne à la maison.

— Moi, à faire sur la montagne, demanda Étienne ne comprenant rien à la colère qu’il sentait couver sous les paroles de la jeune fille, à moins que ce ne soit à m’y rompre les os, ou à y casser le cou de mon pauvre chien, je ne vois guère autre chose qui puisse m’y attirer.

— Vraiment ! dit Mariette. On m’avait pourtant parlé d’une toute autre occupation.

— Et de laquelle ? mon Dieu ! s’écria le jeune homme de la meilleure foi du monde.

— Je me garderai bien d’en raconter davantage, monsieur Étienne, continua Mariette ; vous seriez en droit de me dire que je me mêle de choses qui ne me regardent pas, et je suis trop fière pour me faire remettre à ma place. J’aime mieux y rester de ma propre volonté.

― Ah ! ma chère Mariette ! ne put s’empêcher de dire le jeune homme, que vous étiez plus gentille avant-hier, dans le chemin des Jardins ; que je regrette de n’y pas être encore !

— Vous êtes bien bon de vous en souvenir jusqu’à aujourd’hui, reprit Mariette, qui ne put s’empêcher de rougir en se rappelant cette jolie matinée dont elle avait été si heureuse, si fière tout un jour ; mais, comme nous ne devons pas nous rencontrer par là de sitôt, je pense qu’il est sage que je me mette à l’oublier au plus vite.