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L’ONCLE ISIDORE

près de la bavarde femme de chambre, une question touchant les fleurs dont la vue et le parfum lui avaient si vivement porté à la tête et au cœur, qu’elle en pleurait en dedans des larmes de rage.

Mais elle se promit d’aller passer la journée du lendemain à la Chartreuse, où elle savait être toujours bien accueillie par Mme Daubrée, lorsque par hasard elle avait à lui donner une journée d’extra, ce qui était considéré par la bonne dame comme une faveur toujours utile au bon état de son linge.

Que la nuit lui parut longue ! que les fleurs de Mme Malsauge lui firent un sommeil lourd, tout chargé de mauvais songes !

Un peu avant cinq heures, le lendemain, elle frappait à la porte de la Chartreuse, afin que Mme Daubrée eût le temps de lui donner son ouvrage, avant qu’on ne sonnât sa messe de chaque jour, à laquelle elle ne voulait pas l’empêcher de se rendre, espérant bien qu’elle aurait le temps de voir Etienne, et qu’elle saurait à quoi s’en tenir sur ce qui l’avait si fort affligé depuis la veille.

Ainsi qu’elle l’avait pensé, le jeune homme ne tarda pas à descendre.

Quand la cloche appela Mme Daubrée à l’église, elle laissa les deux jeunes gens ensemble, ne se doutant pas, la brave dame, de tout l’orage auquel elle laissait le champ libre.

— Bonjour, Mariette, dit le jeune homme en s’asseyant en face d’elle et en tirant légèrement l’ouvrage qu’elle tenait sur ses genoux. Vous êtes bien gentille d’être venue aujourd’hui.

— Vous trouvez ? dit Mariette en levant la tête pour