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LA PERLE DE CANDELAIR

Comme tous les mystères, celui-là était entouré de difficultés devant lesquels il courba le front, se contentant d’en admirer les effets sans chercher davantage à en pénétrer les causes.

Mariette, le lendemain de sa rencontre avec Étienne, devait travailler chez Mme Malsauge. Elle s’y rendit donc de bonne heure, selon son habitude.

Les maîtres dormaient encore les domestiques en train de faire les appartements, laissaient les portes et les fenêtres ouvertes, si bien que de la pièce où la jeune fille était assise, elle vit dans le boudoir de Mme Hélène, les fleurs cueillies par Étienne.

Elle qui savait à peu près tout dans la ville, elle ne fut pas longtemps à se dire que chez aucune fleuriste, que dans aucune serre, on ne ferait un pareil bouquet.

À plusieurs reprises, lorsqu’Étienne revenait de la montagne, elle lui avait vu à la main une de ces fleurs étranges ou splendides. Elle savait en outre que dans ce pays de montagnes, nul garçon n’avait le pied aussi sûr que M. Étienne, parce que tout enfant il s’était attaqué aux difficultés de ce grand roc, cherchant comme un aigle, dans les trous les plus inaccessibles, sur les plus hauts sommets, un nid pour abriter sa sauvagerie et ses rêves.

Ce bouquet, c’était donc lui qui l’avait cueilli, fleur à fleur, brin à brin, cueilli pour celle qu’il disait ne pas aimer !

C’était peut-être lui qui l’avait apporté !

Tant que dura le jour, malgré ce qui bouillait et s’agitait en elle, l’ouvrière ne fut rien autre chose que l’ouvrière. Elle ne fit aucune remarque, ne hasarda pas, au-