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L’ONCLE ISIDORE

les chemins frayés ; je mets au défi qui que ce soit d’en envoyer une pareille, ajouta-t-il, en secouant ses cheveux bouclés pour en faire tomber les mousses et les feuilles sèches qui s’y étaient nichées pendant son excursion.

Laissant la nuit envahir doucement la ville, afin de se dérober aux regards des habitants de Candelair dont il savait la langue si prompte à tirer des conséquences des choses qui en ont le moins, il gagna l’auberge de Thomas, en longeant les murailles, pour se mieux dissimuler dans leur ombre, ce qui était un luxe de précautions tout à fait inutile, les rues étant complétement sombres, grâce aux économies d’éclairage que l’on faisait dans cette bonne ville.

Le personnel des hôtels et des auberges de Candelair, comme presque dans toutes les petites villes de province, a toujours dans son sein quelque Figaro en herbe, quelque finot qui comprend à demi-mot et sait, moyennant finances, garder le secret sur les commissions dont on le charge.

L’auberge de Thomas ne manquait point à la tradition ; elle possédait même un valet dont on vantait l’habileté. Ce garçon, plus spécialement attaché à l’écurie, ne fut pas difficile à trouver, pour Étienne surtout, qui savait cette partie de l’auberge sur le bout du doigt pour y être allé souvent chercher Lou-Pitiou.

Il remit aux mains de ce commissionnaire improvisé son bouquet et sa carte, envoyant le tout à M. Malsauge en homme qui sait vivre et qui n’a pas besoin qu’on lui explique qu’il faut pour se permettre d’envoyer des fleurs à une femme, ou en avoir reçu une permission toute