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LA PERLE DE CANDELAIR

Il grimpa, car son ascension ne pouvait se rendre par le mot monter, jusqu’aux endroits les moins accessibles de sa chère montagne, qu’il connaissait un peu dans tous les coins et dont la flore était pour lui un livre ouvert.

Arrivé où personne autre que lui ne se serait aventuré, il coupa et mit en gerbe ces belles fleurs des hauts sommets qui poussent loin de tous les yeux, à l’abri de la main de l’homme, que Dieu semble avoir faites d’autant plus belles, plus délicates, qu’elles fleurissent et croissent sous son œil, pour lui seul, et paraissent sortir de la montagne comme une action de grâce, une prière embaumée.

Sa moisson terminée, il avait un faisceau de fleurs dignes d’être placées dans une jardinière royale, tant était rare et superbe l’assemblage des couleurs, tant étaient diverses les formes de toute cette famille sauvage.

Lorsqu’il fut redescendu, en compagnie de son fidèle Pitiou, des hauteurs de la montagne, lorsqu’il eut parcouru une fois encore ces sentiers que nul autre que lui ne s’était frayé, lorsqu’il se vit en possession de cette collection que sa rareté rendait vraiment originale et, qu’à bon droit, il pouvait dire sienne, car personne autre que lui n’était assez hardi pour aller la chercher, il eut un mouvement d’orgueil.

Il lui plaisait, à lui qui n’avait ni position ni fortune, d’être ainsi le seul maître d’un jardin gardé par l’impossible, dont seul aussi il pouvait franchir les hautes murailles.

— Voilà ma carte, se dit-il, quand il se trouva dans