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LA PERLE DE CANDELAIR

étude, un étonnement, une révélation nouvelle que tout autre chose.

Mariette, sans être plus timide qu’une autre jeune fille dans sa position, se sentit néanmoins fort mal à l’aise en entendant la question si carrément posée par Étienne. Elle ne trouva, dès le premier moment, pas grand’chose à répondre ; elle avait d’autant moins envie de dire la vérité, qu’Étienne la regardait fort curieusement, et que la raison qu’elle eût pu alléguer pour expliquer son déplaisir à parler de Mme Malsauge n’était pas de celles que les jeunes filles aiment à dire en face, à moins d’y être très-fort encouragées et quelque peu aidées.

— Eh bien ? vous ne me répondez pas, reprit Étienne, toujours de cette voix jeune et fraîche qui commandait à Mariette, quoiqu’elle s’en défendît intérieurement.

— Est-ce que je sais, moi, dit-elle, cela me déplaisait ; je vous l’ai dit sans en chercher plus long. Mais, si vous voulez que je vous en parle, pour peu que cela vous fasse autant de plaisir qu’autrefois, reprit-elle d’un air un peu piqué, et comme si elle mettait une certaine satisfaction mordante à prouver au jeune homme qu’elle n’oubliait pas, je me sens assez de charité pour vous en entretenir encore.

Je vous répéterai dix fois plutôt qu’une ce qui se dit chez elle, depuis la cuisine jusqu’au salon. Je vous dirai aussi ce qui s’y fait ; je vous raconterai en détail ses toilettes et ses déshabillés :

Elle avait hier une robe de mousseline blanche, avec des nœuds roses dans les cheveux et dans les garnitures de sa robe. Sa femme de chambre lui avait attaché au cou, aux oreilles et aux bras toute une parure de corail