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CONCLUSION


Le lendemain, ce brave M. Paterne reprenait, en la fidèle compagnie de von Fritz Pulvermacher, la route de Berlin.

Ces bonnes gens n’avaient plus rien à faire en France, pour quelque temps du moins ; pour y revenir, ils voulaient attendre une fructueuse occasion, et les bonnes occasions, selon les idées de ces gens-là, ne se présentent pas aussi souvent qu’ils l’auraient désiré.

En attendant, ils jouissent là-bas, à Berlin, de la fortune bien acquise qu’ils avaient ramassée et fait fructifier grâce aux moyens que nous connaissons.

Quelque temps après, le père Paterne s’éteignait chargé d’ans et des bénédictions de son honnête famille.

Von Fritz eut, de ce trépas, une douleur énorme dont les témoignages achevèrent de lui gagner la bienveillance d’un grand nombre de gens haut placés.


— Il faut bien, à la longue, faire une fin, disait quelquefois le jeune homme en voyant des tas de gens se marier autour de lui (on s’épouse beaucoup en Allemagne), et quoiqu’il n’eût aucun goût pour le mariage, on se disait d’oreille à oreille, dans son entourage, qu’il serait bien capable de s’unir, pour continuer à faire souche d’honnêtes gens, avec une des petites filles du défunt banquier.

Oh ! ce n’est pas qu’il aime la famille, bien loin de là… mais elles sont si riches, les héritières de papa Paterne !…


Pia avait eu beau faire courir tout le petit monde qui chante par les rues de Paris, elle avait eu beau leur donner le signalement de Mme Hélène, ils ne devaient jamais la trouver ; mais la vieille Maugrabine qui s’inquiétait fort de l’état d’esprit de son peintre était revenue, dans la journée, à l’hôtel pour savoir si on n’avait pas eu des nouvelles de la chère disparue.

C’était ainsi qu’elle avait appris comment le malheur avait été découvert, et elle avait été si horriblement atteinte en écoutant le récit de ce crime qu’elle avait abandonné Paris, ne voulant pas rester dans une ville où l’on rencontrait des monstres pareils à de Morbras.


— Je veux m’en aller mourir au soleil de ma patrie, avait-elle dit, et elle était partie, faisant la route à petites journées, regagnant Venise où quelques mois après on la trouvait morte sur les marches d’un palais de marbre.


Les remords avaient troublé ses dernières heures ; cette vieille femme n’avait jamais pu arriver à se pardonner d’avoir prêté son assistance pour introduire M. de Morbras chez Benjamin Jacob. Les lazaroni lui firent cortège lorsqu’on la