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jeudi 18 août. — 1870.

mènent, à l’heure qu’il est, nos conseillers municipaux, seul pouvoir resté debout dans la cité depuis la disparition de celui de l’État. Ce sont eux qui ont à enregistrer, à légaliser, à faire exécuter toutes les réquisitions qu’on leur présente, à soutenir les discussions qu’elles provoquent souvent, à modérer les exigences des vainqueurs, à couvrir les intérêts de la cité, et cela au prix de luttes continuelles, toujours pénibles, souvent orageuses et violentes, et dont on ne se tire qu’à force de douceur, de patience et de fermeté. C’est ce que font, depuis près de huit jours, dès que le soleil se lève et longtemps après qu’il se couche, tous les membres de notre administration municipale, maire, adjoints, conseillers qui, tous, ont quitté leur intérieur pour s’établir en permanence à l’Hôtel-de-Ville, et se partager la tâche si lourde et si douloureuse d’administrer la cité au milieu de ce grand désastre. Je n’ai pas besoin de produire les noms de ces généreux citoyens. Nancy les connaît, et il n’oubliera jamais la dette de reconnaissance que les circonstances lui font contracter envers eux.

Depuis que l’ennemi a pénétré dans nos murs, Nancy a subi la plus triste métamorphose.

« Il y a dix jours encore, dit un journal essentiellement lorrain, l’Espérance, à qui je laisse le soin de décrire et de déplorer cette ruine lamentable, il y a dix jours encore le commerce de Nancy