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jeudi 18 août. — 1870.

table que le conquérant arrose avec le bordeaux et le champagne de sa cave la joie de ses festins victorieux.

Quoique moins maltraité que Pont-à-Mousson, où quelques soldats attardés ont abattu plusieurs éclaireurs prussiens, Nancy commence à succomber devant les exigences toujours croissantes des envahisseurs. Un carton qui sera un jour curieux à consulter, ce sera celui des innombrables réquisitions auxquelles le Conseil municipal est obligé de satisfaire depuis cinq jours. Réquisitions de logement pour hommes et chevaux ; réquisitions de pain, viande, lard, vin, riz, sel, café ; réquisitions de tabac et de cigares ; réquisitions de chevaux et de voitures pour le transport des vivres et des malades, pour le service des postes, des télégraphes ; réquisitions de saindoux et de cire ; réquisitions de chemises et de toiles ; réquisitions de cuirs et de peaux de chevreuil ; réquisitions pharmaceutiques ; réquisitions de fer, de bois et de clous ; réquisitions de lanternes, de crin, de sacs ; réquisitions de fil, d’épingles et d’aiguilles ; réquisitions de papier, de plumes et d’écritoires de campagne. J’en passe et des plus belles, oubliant même les réquisitions de vins de champagne.

Il faut aller à l’Hôtel-de-Ville pour se faire une idée de la vie de sacrifice et de dévouement que