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jeudi 18 août. — 1870.

Croix. Il va sans dire que les gens qui réfléchissent ne croient pas à ces nouvelles, mais il faut ajouter que le nombre n’en est pas grand, et qu’ils sont malvenus quand ils expriment leurs doutes, et qu’ils demandent des preuves de ces prétendues victoires que les autres adoptent comme certaines, uniquement parce qu’ils les désirent.


JEUDI 18 AOÛT.

Départ de l’armée bavaroise. — Bruits alarmants. — Le roi Guillaume à Pont-à-Mousson. — Le carton des réquisitions. — Dévoûment du Conseil municipal. — Lamentation sur Nancy et la Lorraine. — Vaines rumeurs.

Le corps d’armée que nous avons depuis deux jours reçoit l’ordre de marcher en avant. Hugo Giel prend son café avant de partir, en causant avec sa jovialité habituelle et en s’étudiant à me dire des choses agréables. — « Vous voyez que nous ne sommes pas des barbares. Nous ne vous demandons que ce qui nous est nécessaire. Vos turcos et vos zouaves en auraient fait bien d’autres chez nous. Nous en avions bien peur au commencement. Mais maintenant nous ne les craignons plus. Nous ne craignons plus rien. » — Et il partit d’un air vainqueur. Quant à son pauvre soldat, si intéressant par sa résignation et qui doit être partout un souffre-douleur, il est venu prendre congé de moi et me saluer sans rien