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mercredi 17 août. — 1870.

soutenues par la majorité des Chambres, applaudies par le gros du public et prônées par les organes de la presse officielle, libérâtre et révolutionnaire. Mais elles ont été réprouvées comme elles devaient l’être par tous ceux qui tiennent encore au passé politique et religieux de la France, et qui seuls ont conservé le sentiment de ses véritables intérêts. Leur protestation est demeurée sans écho, il est vrai, et ils sont restés en minorité dans le pays. Mais les événements qui s’accomplissent sont bien de nature à changer les points de vue d’un peuple, et je ne serais pas étonné de voir la nation passer un jour du côté de cette minorité méconnue, et rentrer avec elle dans les voies qu’elle n’aurait jamais dû quitter. » —

Malgré les chariots et fourgons qui encombrent le milieu de la place Stanislas, on se promène encore sur les trottoirs qui l’encadrent. On parle avec orgueil de l’attitude résolue de la ville de Toul, où s’est jetée une bonne partie de la jeunesse de Nancy et qui vient de repousser avec succès une attaque de l’artillerie bavaroise. Mais ce qui nous ravit, c’est ce que l’on dit, c’est ce que l’on croit, c’est ce que l’on invente des vigoureux combats livrés par Bazaine aux Prussiens et des pertes énormes qu’il leur fait subir depuis plusieurs jours. Ce soir, c’est 40 000 hommes qu’il leur a tués dans une dernière affaire, sans compter les 25 000 qui ont sauté en l’air près de Metz, avec le fort de Sainte--