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du dimanche 31 juillet au samedi 6 août. — 1870.

sure. Mais ils sont en petit nombre et ce ne sont pas ceux-là qu’on lit le plus. Le public les néglige pour se repaître des correspondances de ces reporters fanfarons qui nous débitent des aventures imaginaires, où ils se posent en héros, et où ils traitent l’ennemi sérieux que nous avons à combattre comme s’il s’agissait des grotesques soldats de la Chine. On a hâte d’être débarrassé de ces hâbleries et d’entendre la grosse voix du canon qui les fera taire, pour fixer notre attention sur des événements qui en seront dignes.

Mercredi 3 août. — Nous y voilà, ou à peu près. On lit ce matin dans les journaux la dépêche suivante : « Notre armée a pris l’offensive, franchi la frontière et envahi le territoire de Prusse. Malgré la force de la position ennemie, quelques bataillons ont suffi pour enlever les hauteurs de Sarrebruck, et notre artillerie n’a pas tardé à chasser l’ennemi de la ville… L’engagement, commencé à 11 heures, était terminé à 1 heure. L’Empereur assistait aux opérations, et le Prince impérial, qui l’accompagnait partout, a reçu sur le premier champ de bataille le baptême de feu. Sa présence d’esprit, son sang-froid dans le danger, ont été dignes du nom qu’il porte. »

Dans le premier moment, la nouvelle de cet avantage est accueillie avec transport. Chacun voit dans cet heureux début un présage pour l’avenir. Dans