Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
du dimanche 31 juillet au samedi 6 août. — 1870.

1er août. — Voici le mois d’août qui commence : il y a quinze jours à peine que la guerre est déclarée et l’on voudrait déjà qu’elle fût finie. On s’impatiente de ce qu’on n’ait pas encore frappé de grands coups. Calmons-nous et attendons : il faut bien que les armées aient le temps de se former et de se joindre. Surtout, pas d’illusions. N’escomptons pas à l’avance des victoires qui sont encore à remporter. Le moindre revers nous serait funeste en nous faisant tomber de plus haut, et en nous précipitant dans le découragement. Malheureusement la presse fait tout ce qu’elle peut pour étourdir la nation française et lui faire perdre la tête, qu’elle n’a pas déjà bien forte. Les journaux lui font croire que la Prusse n’en est pas à son premier repentir de nous avoir provoqués, que Guillaume et Bismarck voudraient bien revenir sur leurs pas. Ne comprenant rien à la rigueur impitoyable des préparatifs de la Prusse, qui dévaste les alentours de ses places fortes pour les mettre en état de défense, ils les prennent pour des marques de peur et ils nous font des contes ridicules sur le mécontentement, le dénuement, le découragement des populations d’outre-Rhin, qui refuseraient de marcher ou qui le feraient avec une telle répugnance, disent-ils, que ce sont des armées désorganisées à l’avance, et que le million de soldats dont la Prusse est si fière commence déjà à fondre entre ses mains. Sans doute tous les journaux n’en sont pas là, et il y en a parmi eux qui savent parler avec bon sens et me-