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du 24 au 30 juillet. — 1870.

qui, au dire des connaisseurs, n’a été dû qu’à d’heureuses inspirations de nos généraux et à la bravoure de nos soldats, plutôt qu’à l’art et à la science du commandement, n’est pas une garantie pour la guerre bien plus sérieuse qui s’engage. Nous pouvons douter que nous ayons un grand capitaine à la tête de nos armées, tandis que nous savons que la Prusse possède des hommes qui ont fait leurs preuves. Il est donc fâcheux que l’Empereur soit général en chef. Dans son intérêt, comme dans le nôtre, il aurait mieux fait de rester avec son fils aux Tuileries ou à Saint-Cloud.

Samedi 30 juillet. — Nous autres Français catholiques, nous avons un double sujet d’alarmes. Nous redoutons le coup direct de la guerre pour notre patrie temporelle, qui est la France, et son contrecoup pour notre patrie spirituelle, qui est l’Église. Depuis quelques jours on parle de l’abandon du territoire pontifical par les troupes françaises. La France ayant besoin de toutes ses forces disponibles, Rome serait laissée à elle-même, et le roi Victor-Emmanuel se chargerait, en vertu de la convention de septembre, de faire respecter le territoire pontifical sur les frontières italiennes. On a voulu douter de cette mesure, qui est à la fois une lâcheté et une faute. Mais aujourd’hui la résolution est prise et nos soldats vont quitter Rome. Combien cela est triste et humiliant ! Si le motif allégué est