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du 24 au 30 juillet. — 1870.

il n’a pu obtenir d’aucune autorité un sauf-conduit pour rentrer en France. Alors il s’est évadé, il a quitté les routes, s’est jeté à travers les bois et a pu enfin regagner le sol français. Il y a bien des cas du même genre. Nous lisons en ce moment dans les journaux tout ce qu’a souffert dans le trajet d’Ems à Forbach M. de Metz, préfet de la Meuse, quoiqu’il fût en compagnie de sa femme. Par toute l’Allemagne, nos nationaux sont exposés à de mauvais traitements. À Berlin, on les insulte, on les pourchasse, on en assomme. Tandis que chez nous, où il y a tant d’Allemands, nul n’est l’objet de la moindre démonstration malveillante. N’ai-je pas déjeuné à Metz, ces jours-ci, chez le prussien Morbotter, gros marchand de fer qui s’est enrichi chez nous, que j’ai trouvé fort affligé de cette guerre, mais qui était fort tranquille dans sa demeure, sans crainte d’être molesté par qui que ce soit. Je le répète, les Allemands sont bien durs dans leurs précautions contre nous ; mais nous, de notre côté, ne sommes-nous pas bien imprudents dans notre bénignité à leur égard ?

Vendredi, 29 juillet. — L’Empereur a quitté Paris hier avec le prince impérial. On s’attendait à le voir à Nancy et l’on avait préparé le palais du Gouvernement (l’ancienne demeure de Stanislas) pour le recevoir. Mais il est allé droit à Metz et n’a fait qu’un court moment d’arrêt à Frouard, où le préfet