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du 24 au 30 juillet. — 1870.

Le dimanche 24 juillet, dîner chez Madame Paulus avec le docteur Douchez, médecin-major du 3e régiment des grenadiers de la garde, homme d’un esprit vif et agréable, distingué de manières, mais qui parle de nos futures victoires avec une assurance excessive et une jactance fanfaronne qui m’inquiète par le fonds de présomption et de légèreté qu’elle révèle. Sans doute, il ne faut pas aller en guerre d’un air inquiet et découragé, et il sied bien d’avoir confiance et de se promettre la victoire mais il y a une mesure en cela comme en toutes choses, et il me semble que nous la dépassons tout à fait. Tous ces propos vantards et fanfarons ne devraient jamais faire partie des préparatifs d’une guerre sérieuse, et nous les trouverions bien ridicules, s’ils ne chatouillaient notre vanité et notre amour-propre national.

Le lundi 25, promenade au camp de la garde dans la prairie de Tomblaine. Je vais à la tente du major Douchez, qui me montre en détail tout son équipement de campagne. Il me fait manier son chassepot, et me montre la manière de s’en servir. Fasse le Ciel que nous sachions faire avec ces outils perfectionnés d’aussi bonne besogne qu’avec nos fusils à chien et à pierre d’autrefois ! De là, au bain des Cinq-Piquets que je trouve encombré de soldats dont les uns se baignent et dont les autres lavent leur linge, en tapottant avec des battoirs et