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du 19 au 23 juillet. — 1870.

réveillé par le bruit d’hommes, de chevaux, d’armes et de voitures qui ne cesse pas un seul instant de nous assourdir, me suis-je senti aussitôt comme mordu au cœur par l’idée de cette guerre qui éclate en ce moment entre la France et la Prusse, guerre à mort dans laquelle l’une ou l’autre doit rester sur le carreau ! Le matin un peu calmé et rafraîchi par ces courts instants de sommeil que l’aube apporte toujours avec elle, je vais dans cette belle Cathédrale de Metz dont la voûte s’élève avec tant d’élan vers le ciel et où il fait si bon de prier. J’y vois toujours quelques jeunes soldats de notre armée suivant pieusement la messe, ou priant avec ferveur devant une image vénérée de la sainte Vierge. Cette vue me fait du bien et dissipe les inquiétudes de la nuit. Mais quelques soldats priant, ce n’est point assez ; j’y voudrais voir notre armée tout entière, car une armée qui sait prier ne s’en bat que mieux, et elle a double chance de vaincre. La prière donne du cœur à ceux qui n’en ont pas et ennoblit la valeur des braves. Les armées les plus redoutables ont toujours été composées de soldats religieux. Ah ! si tous les nôtres en étaient là, nous n’aurions pas tant à nous inquiéter sur l’issue de la lutte qui s’engage.

Au milieu de ces préoccupations, la session devient ce qu’elle peut. Juges et candidats, nous n’avons guères l’esprit à la chose. Sur la place de