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du 19 au 23 juillet. — 1870

Et cependant, l’avouerai-je, malgré tous mes efforts pour faire bonne contenance devant autrui et avec moi-même, je ne me sens pas rassuré, et je suis obsédé de l’appréhension de quelque chose de fâcheux. Si je me trompe, la plupart de ceux que je vois en sont là. Fasse le Ciel que ces pressentiments ne se réalisent pas, et que l’événement donne le démenti à nos secrètes alarmes !


DU 19 AU 23 JUILLET.

La session de baccalauréat-ès-sciences à Metz, — un temps d’arrêt à Pont-à-Mousson. — Le tumulte de l’hôtel de Metz. — Le conflit des illusions et des appréhensions. — La Cathédrale. — Le maréchal Bazaine. — Fâcheux indices.

En Allemagne, où le système militaire prussien s’est généralisé depuis 1866, la guerre appelle tous les hommes sous les drapeaux, et toutes les fonctions de la vie civile sont suspendues. En France, où la guerre est l’affaire spéciale de l’armée régulière, tout ce qui n’est pas soldat reste chez soi et vaque à ses occupations ordinaires. Or, nous voici à la veille de la session du baccalauréat dans toutes les facultés de l’empire, et personne ne songe à Nancy, pas plus qu’à Strasbourg, je suppose, que les circonstances actuelles doivent faire ajourner ou suspendre cette opération. Il est vrai que Nancy ne touche pas à la frontière, qu’elle n’est pas une