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dimanche, lundi, 18 et 19 juillet. — 1870

ce qu’elle soit faite de bon cœur. Bien peu songent à critiquer la conduite du gouvernement en cette affaire, et à s’associer au reproche de précipitation, si fondé cependant, que lui ont adressé M. Thiers et quelques membres de la Gauche. On regrette que la déclaration de guerre soit à notre charge, mais on met la provocation au compte de la Prusse, et on s’accorde à dire qu’en tout état de cause, il ne serait pas patriotique de désavouer le gouvernement.

Quant à la question des résultats, il y a deux courants très-distincts et même tout à fait opposés. Il y a les optimistes, ou ceux qui se donnent comme tels — car sur ce point, comme en tant d’autres, il faut distinguer entre ce qu’on dit et ce qu’on pense — qui voient tout couleur de rose, qui ne rêvent que victoires et conquêtes, pour qui c’est un jeu de s’emparer de la Prusse rhénane, de traverser l’Allemagne, et d’aller à Berlin dicter une paix qui rabatte la Prusse et qui la ramène au point où elle en était avant Sadowa. En général cette manière de voir, qui se diversifie selon l’humeur et le tempérament de chacun, est celle des magistrats, des fonctionnaires et des militaires en retraite. J’aurais plus d’un nom propre à citer à l’appui de mon dire, mais je m’en abstiens. Les négociants, les industriels, les gens d’affaires, tous ceux qui sont plus dégagés des attaches administratives ou des entraînements de l’esprit de corps, tournent au pessimisme, et n’augurent rien de bon de ce qui se