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samedi 16 juillet. — 1870.

marck bien capable de mettre dedans Napoléon III et de ne lui avoir tendu le piége, disons plus, le guet-apens d’un casus belli inévitable, que parce qu’il veut la guerre aussi et qu’il se sent en état de la mener à bonne fin. Il nous a déjà donné plus d’une preuve de son savoir-faire en toute espèce de ruse.

Mais ce sont là des points de détail qu’on ne peut pas encore éclaircir. L’important, pour le moment, est de savoir si l’on est prêt et en force contre l’ennemi que l’on affronte. C’est ce qui nous intéresse au premier chef, nous autres habitants de l’Est, exposés aux premiers coups, et c’est sur quoi nous ne tarderons pas à être édifiés.


SAMEDI, 16 JUILLET.

L’opinion des rues. — La véritable opinion. — Nos adieux à la paix. — Inquiétudes et pressentiments.

Il faut le reconnaître, les Français ne peuvent sentir l’odeur de la poudre, sans qu’elle leur porte sur le cerveau ; on s’exalte, on s’enflamme partout, comme on a fait à la Chambre. Ici, l’opinion publique se met à l’instant sur le pied de guerre. Une vive animation a régné à Nancy hier, dans la soirée et une partie de la nuit. Des centaines de personnes stationnaient ou circulaient sur la place Stanislas, s’entretenant des graves résolutions que