Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
jeudi 8 septembre, nativité de la sainte vierge.

JEUDI, 8 SEPTEMBRE. — NATIVITÉ DE LA SAINTE VIERGE.

Les campagnes depuis l’invasion. — Plus de légende napoléonienne. — Un vœu à Notre-Dame-de-Liesse. — Descartes en fit autant. — Labruyère sur les esprits forts.

Visite matinale à Vagner, qui se ronge de tristesse dans la solitude, et qui a cessé de paraître, comme son journal. Il va de temps en temps à sa campagne de Mazerulles, et il me donne des détails navrants sur la vie des paysans depuis l’invasion. C’est, dans les campagnes, un qui vive perpétuel. On place des vedettes de distance en distance, sur les hauteurs, pour avertir par les signaux de l’arrivée de l’ennemi qui s’en vient trop souvent faire des réquisitions de bétail et de chevaux. Dès que l’ennemi paraît, on en est averti par la fuite des vedettes qui détalent aussitôt, et alors on se sauve dans les fourrés voisins, en poussant devant soi toutes ses bêtes. Quelquefois une vache récalcitrante résiste imprudemment à la main qui la tire, et, pour sa peine, elle va servir à faire la soupe aux Prussiens. — Quant aux gros cultivateurs, ils aiment mieux parquer leurs chevaux et leur bétail dans les bois, en les y laissant sous la garde d’un garçon de ferme. Cependant quand les réquisitions arrivent, il faut s’exécuter et livrer les plus belles têtes de son troupeau. — Les uhlans ne viennent jamais que par petites bandes de qua-