Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
x

suivre les événements pas à pas, et pour qu’on puisse équitablement se rendre compte des impressions, des jugements qui y sont exprimés sur certains faits et certains personnages au sujet desquels, maintenant que les points de vue ont changé, il y aurait aujourd’hui une autre manière de penser et de dire. J’aurais pu dissimuler cet écart au moyen d’habiles et discrètes retouches qui auraient passé inaperçues dans mon travail de réduction. Mais je me suis imposé la loi de ne rien changer à ce que je pensais, à ce que je disais alors sur les événements et sur les hommes qui les ont accomplis. D’ailleurs je ne puis pas faire que mon journal n’ait forcément trois ans de plus que le jour où il pourra paraître. Cela lui ôtera de l’actualité et lui donnera un air quelque peu arriéré et vieilli. Mais, au moins, il restera une œuvre honnête et sincère, fidèle au véritable esprit de l’histoire qui doit juger les hommes et leurs actes, par principe et en eux-mêmes, sans passion ni animosité politique, et il conservera ainsi, autant que cela est possible