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mardi 30 août. — 1870.

une protection contre les excès de la soldatesque. Mais dans les villages, dans les écarts, dans les fermes isolées, la répression est à peu près impossible, et Dieu sait tout ce que le paysan peut avoir à souffrir. Et cependant, il faut bien l’avouer encore, car je l’entends dire de tous côtés, ce n’est pas le soldat allemand qui inspire le plus de crainte à la propriété des campagnes. Elle redoute autant et plus encore le vagabond, le pillard, les maraudeurs que la misère et le désordre du moment ont multipliés, et qui se permettent tout, à la faveur du chômage des tribunaux, et depuis la disparition de la police et des gendarmes. En effet il n’y a plus de répression possible, parce que la justice ne peut se rendre qu’au nom de l’Empereur, dont le gouvernement est aboli par les Prussiens. Néanmoins il y a urgence de réprimer les délits et les attentats que favorise l’impunité. Ne pourrait-on pas avoir recours à un moyen terme ? Sans prononcer d’arrêts au nom de l’Empereur, ni au nom de l’autorité prussienne, ne pourrait-on pas s’entendre avec elle pour qu’elle autorisât la formation d’une milice de sûreté locale, qui saisirait les délinquants, les livrerait à la justice qui se contenterait de prononcer des sequestres provisoires. — « C’est à quoi l’on pense, me dit le procureur impérial, M. Demontzey, et nous espérons, par la réalisation de cette mesure, adoucir les maux dont souffrent nos malheureuses contrées. »