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mardi 30 août. — 1870.

d’interprète bénévole, qu’il partage avec le docteur Petermann, le chimiste de Louis Grandeau, et M. Rinck, un honorable négociant de notre ville. Au bout d’une heure, un soldat se présente réclamant un billet de logement pour dix hommes et quatorze chevaux et demandant une réquisition pour sa bande, gens et bêtes. Sans être bien assuré de le reconnaître, Vagner soupçonne que c’est son agresseur de tantôt, et il se promet bien, cette fois, de ne pas le laisser échapper. Aussitôt il improvise un interrogatoire adapté à la circonstance : — « Pour avoir une réquisition, il faut déclarer qui l’on est : Votre nom ? votre compagnie ? votre régiment ? » — L’autre tombe dans le piége, répond à tout et va jusqu’à écrire son nom sur le papier qu’on lui présente. — « Ah ! brigand ! c’est toi ! Je te tiens maintenant, s’écrie Vagner en lui mettant la main sur le collet, sans être encore bien certain que ce fut son homme. — Non, ce n’est pas moi qui ai tiré le coup de pistolet, répond le soldat, achevant de se trahir par cette exclamation. » — Dès lors, plus de doute ; on empoigne l’individu, on le conduit au poste, on le remet à l’officier qui, informé de l’affaire, l’envoie au cachot militaire avec ces paroles d’adieu : — « Ah ! coquin ! tu es bien heureux si on ne te met pas une balle dans la tête. Mais sois tranquille, tu tâteras de la forteresse. » —

Ainsi dans les villes, il y a encore un recours,