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mardi 30 août. — 1870.

ments de Metz, Thionville, Sarreguemines, Château-Salins et Sarrebourg. C’est une nouvelle Alsace agrandie, à côté d’une Lorraine diminuée de tout le département de la Moselle, sauf l’arrondissement de Briey qu’ils réunissent au département de la Meuse, et des deux arrondissements de la Meurthe qu’ils rattachent à leur nouveau département de la Moselle. Quelle est l’intention de tous ces remaniements ? Est-ce un indice de l’annexion qu’ils se proposent d’opérer plus tard, s’ils sont définitivement vainqueurs, et qui nous enlèverait l’Alsace avec ses agrandissements, en nous laissant la Lorraine avec ses mutilations ? C’est ce qu’il y a lieu d’appréhender. Nous saurons bientôt ce qu’il en adviendra à cet égard. En attendant il faut constater que nous avons à faire à des gens qui savent s’y prendre. Sans supprimer nos subdivisions départementales, ils rétablissent le nom et l’unité de nos anciennes provinces et jettent les bases d’une administration bien autrement solide et vivante que la nôtre, qui les rend plus forts pour l’occupation de notre pays que nous ne le sommes, avec notre morcellement, pour sa défense. C’est là une combinaison qu’il sera bon d’imiter plus tard, qui servirait de correctif à la centralisation excessive qui nous étreint, et qui, replaçant le département dans la province, rattacherait le passé à l’état actuel de la France et renouerait une tradition que nous avons si aveuglément répudiée en 89. Encore une fois les Prussiens nous donnent une leçon,