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mardi 30 août. — 1870.

exhalaisons des cadavres, et des maladies contagieuses se répandent dans l’armée allemande, le typhus, la dyssenterie et un commencement de choléra. Les bêtes à cornes sont malades ; trois cents bœufs viennent d’être abattus à Ars. Les viandes malsaines, les raisins et fruits plus ou moins mûrs, les pommes de terre nouvelles, contribuent à porter atteinte à la santé du soldat. On perd beaucoup de monde, ce qui est bien sensible pour l’Allemagne, où bon nombre de soldats sont mariés, pères de famille, — « tandis que chez vous, disait le P. Nix, ils sont presque tous célibataires et ne laissent personne après eux. » —

Le P. Nix estime que notre armée de Metz peut compter encore de cent à cent vingt mille hommes, et que l’armée prussienne, qui a réparé ses vides, lui est de beaucoup supérieure et finira par en avoir raison. Car si le P. Nix est Jésuite, il n’en est pas moins Prussien patriote, et il compte bien que la victoire restera aux siens. — « Vous nous tuerez encore bien du monde, disait-il à ses confrères, mais nous serons toujours plus nombreux que vous, et c’est par là que nous vous écraserons. » — Il ajoute que l’on avait compté en Allemagne sur une révolution, qui ne se fait pas, et que c’est un désappointement pour la Prusse. Mais il me semble que les Prussiens sont bien pressés. Il n’y a pas encore de temps perdu, et qui sait si demain il n’y aura pas des gens pour leur donner la satisfaction qu’ils désirent ?